Dès le XIXe siècle, le féminisme espagnol commence à apparaître avec des écrivaines comme Concepción Arenal (1820-1893) ou Gertrudis de Avellaneda (1814-1873), qui ouvrent la voie pour l’égalité entre les deux genres et mettent l’accent sur la question de l’éducation de la femme. Dans la même lignée, Emilia Pardo Bazán (1851-1921) s’engage très tôt dans la lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes, aussi bien à travers ses écrits et traductions (fondatrice en 1892 de La Biblioteca de la Mujer, traductrice de L’assujettissement des femmes de John Stuart Mill dans la décennie 1890…) que par ses actes : elle soutient la candidature de Concepción Arenal à l’Académie royale espagnole, mène une bataille intellectuelle pour devenir la première femme présidente de la section de littérature à l’Athénée de Madrid, réussit à devenir la première femme à avoir une chaire de littérature néolatine à l’Université Centrale de Madrid …
Cet article se base sur l’analyse des textes, traductions et autres productions que Pardo Bazán a pu réaliser, ainsi que sur l’étude des ouvrages appartenant à sa bibliothèque privée et, de manière plus générale, à toutes les influences qui peuvent nous éclairer sur son féminisme. Mon intention est de décrypter les enjeux, les expériences et les lectures qui détermineront l’engagement, voir les engagements, de cette femme de lettres pour la défense des droits de femmes ainsi que leur place dans la société espagnole de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.