Elément diacritique de première importance, la langue régionale de la communauté valencienne se situe depuis plusieurs décennies au coeur de diverses polémiques. Trois parties permettent de comprendre le sens, la portée et les enjeux de cette caractéristique. Une étude diachronique et synchronique de la configuration sociolinguistique valencienne (poids du valencien depuis l'émergence d'une conscience particulariste et décryptage de neuf avant-projets de statut d'autonomie) met en lumière le riche passé de Valence et le parcours mouvementé de sa langue régionale. Une deuxième partie est consacrée au valencien lors de l'autonomisation du territoire, processus rendu possible par la réorganisation politico-territoriale de l'Espagne en 1978. Après avoir étudié la place occupée par le valencien dans les débats autonomiques, nous analysons trois textes majeurs adoptés par Valence : la loi d'usage et d'enseignement du valencien, le plan triennal pour la promotion de l'usage du valencien dans la communauté valencienne, et le plan général de promotion de l'usage du valencien. En dernier lieu, nous présentons un bilan en demi-teinte de plus de quinze années de politique linguistique valencienne. En dépit de certaines insuffisances, le valencien parvient à s'imposer dans de nouveaux contextes communicationnels, grâce notamment aux efforts investis auprès de la jeunesse. Pour autant, soucieuse de sa « valencianité », la population convoque encore le passé plus souvent qu'elle n'interroge son devenir, ce qui freine l'élan de la communauté. Surtout, Valence continue de pâtir de l'influence du ! Secessionnisme linguistique, mouvement ascientifique qui utilise la langue régionale pour circonvenir la population et servir une idéologie rétrograde et xénophobe. Le « pacte linguistique » récemment adopté sera-t-il la clef, le sésame d'un lourd conflit, le premier pas vers une appréhension plus juste et plus raisonnée de l'un des principaux marqueurs de la « valencianité » ?