La création en 2006 de la revue en ligne e-Spania fut une réponse au développement que les études hispaniques médiévales avaient connu dès le début des années 2000, notamment grâce à la fondation du SIREM (GDR 2378) et d’AILP (GDRE 671). L’apparition du SEMH-Sorbonne, composante médiévale de CLEA (EA 2559, puis 4083), le regroupement des séminaires de Bernard Darbord (Université Paris X), de Jean-Pierre Jardin (Université Paris III) et de Georges Martin (Université Paris-Sorbonne) au Colegio de España, accompagnèrent, à Paris, ce mouvement dont on pouvait voir d’autres expressions à l’ENS de Lyon, à l’Université Bordeaux III ou à l’Université Toulouse II.
Aujourd’hui, la tendance au regroupement des études médiévales et modernes dans de nombreuses équipes d’accueil, comme aussi le sentiment, au moins parmi les « linguistes » – dont la recherche porte principalement sur la littérature et la civilisation –, d’une menace commune pesant sur tout ce qui n’est pas de l’ordre du « contemporain » nous amènent à rassembler nos forces et à ouvrir e-Spania, revue jusqu’ici strictement médiévale, aux études modernes. Le cap d’une orientation transdisciplinaire et d’une perspective résolument internationale restera, quant à lui, inchangé.
La revue universitaire sur papier a probablement vécu. Le coût de sa fabrication pèse d’un poids insupportable sur le budget des unités de recherche, sa diffusion, limitée aux bibliothèques, est exiguë, son stockage, public ou privé, défie les impératifs du réel. Le chercheur confirmé, l’étudiant en cours d’initiation à la recherche sont désormais habitués à l’accès commode, universel et le plus souvent gratuit au savoir qu’offre l’édition en ligne.
Dans le domaine scientifique, le problème aurait pu venir d’un excès de production. Mais la sélection imposée par les grands portails et l’évaluation réalisée par diverses instances et organismes ont fait le tri. Les revues numériques, du reste, ont mis en place leurs propres instances de sélection, aussi exigeantes, et souvent davantage, que celles des publications sur papier. Quant à la pérennité de la publication en ligne : non seulement des organismes ad hoc s’en chargent, mais la numérisation est devenue précisément la garantie de survie de l’édition papier.
Outre l’accès universel et gratuit au savoir, l’édition en ligne présente de très nombreux avantages. N’importe où et à n’importe quel moment, elle permet de disposer de grands instruments de connaissance, d’accéder à de grandes collections, de consulter des travaux anciens ou récents. Elle rend le dialogue possible avec les auteurs et tisse des liens entre centres de recherches, banques de données et institutions. Elle garde les travaux virtuellement ouverts à l’amélioration. Elle permet l’insertion de séquences filmiques. Et, de fait, tout reste à inventer !
Pour être à la hauteur de ce nouveau contexte – de ce contexte constamment renouvelé –, e-Spania s’est dotée d’un comité de lecture actif et d’un comité scientifique dont les membres prestigieux, en très grande majorité étrangers, devront veiller à ce qu’au fil du temps la revue tienne toujours ses promesses. Trois numéros annuels – février, juin et octobre – seront publiés. Le contenu, quoique dominé par les activités de CLEA, continuera d’être réceptif aux préoccupations des grands centres de recherche français et européens. Une place sera faite en outre, dans la partie Varia, aux propositions individuelles.
Formons ensemble le vœu qu’e-Spania, dont la consultation s’élève en moyenne à plus de 550 visites par jour, sache tenir son rang de revue de référence pour les études hispaniques médiévales et modernes en France, en Europe et dans le monde.
Georges Martin
Directeur