Étude du signifiant poétique dans l'oeuvre de José Ángel Valente (Punto Cero) : une esthétique du dénudement
Punto cero, véritable somme poétique, témoigne d'une quête spirituelle et éthique qui passe par une mise en abyme de l'écriture et des mots. Le dénudement préside toute la démarche de Jose Angel Valente dans son rapport au monde et à l'autre à travers la parole poétique. Au fil des dix recueils qui composent son œuvre, se dessine un cheminement. Le sujet qui parle dans le poème, s'interpelle et se questionne, il se remet en cause et, il s'enfonce ainsi en lui-même : il se dépouille alors de son moi extérieur pour se muer en voix poèmatique. Dans le même temps, l'interrogation sur le visible et les mots pour le dire ne cessent de progresser dans le sens d'une destruction radicale du langage et des représentations qu'il propose. Sur cette destruction se fonde dialectiquement la construction d'une parole neuve, faite de mots dépouillés de tout conditionnement et rendus à leur pureté originelle, propice à révéler le réel, à lever le voile sur l'être. En liant rigoureusement exigence éthique et esthétique du dénudement, la voix s'avance, à travers une écriture faite de contraction et de rétractation, de vide et de silence, vers le point zéro : l'opaque transparence de l'indétermination absolue, laquelle implique une herméneutique du poème.